  Les flammes, majestueuses, s’élevaient maintenant au-dessus du village. Des étincelles crépitantes s’envolaient dans le crépuscule, pareilles à des lucioles emportées par un tourbillon de fumerolles opaques.
 Au sol, des fumées épaisses s’enroulaient autour des masures embrasées, comme autant d’étaux désireux d’écraser les murs calcinés entre leurs bras puissants.
 Le ronflement des brasiers couvrait les cris des quelques survivants qui tentaient vainement de fuir la dévastation, les figeant dans des grimaces de suie muettes et impuissantes. On aurait dit une bête rugissante, prête à engloutir sa proie entre deux grondements. Où que porte le regard, tout n’était que ruine et désolation. La végétation, léchée par mille langues de feu, s’était embrasée à son tour, se ratatinant en de nouveaux crépitements.
  Le village paraissait s’illuminer de lui-même dans un spectacle nocturne éblouissant. Et s’il n’avait été question de fureur, de cris et de sang, il aurait pu se repaître pendant des heures de ce tableau saisissant de beauté.
 Mais plus loin dans la contrée, un autre carnage l’attendait…